Je me souviens
De ces années de cuivre
Quand le pays rougeoyait
Conduisant le long de ses fibres
La colère des gens de peu
Jusqu'à ce que tout bascule
Entre miradors et minarets
Mais juste avant
Avant que l'horizon
Ne se désarticule
Que la liberté s'annonçait belle
Sous le soleil, elle s'ébrouait
Chaque nouveau journal publié
Etait comme une mèche lumineuse
Venant encadrer son beau visage
Liberté, aux formes généreuses
La vulve offerte à la tension accumulée
Sur le point d'allaiter
Un enfant qui la mordrait
La foule, ma cité
La foule, mon quartier
Mes amis, bouillonnants
Soudainement vêtus de blanc
Toutes ces nouvelles complicités
Ces nouvelles amitiés
Entre lesquelles naviguaient
Un peu perdus, ou au contraire méprisants
Ceux qui s’en étaient exclus
Avant de l’être, noir sur blanc
Alors que résonnaient toujours plus fort
Les appels à la prière
Scandés, hurlés
Pour s’affranchir de toute mélopée
De toute mélodie
Et sous le bruit du vendredi
Avide de s’étendre
Aux autres jours de la semaine
Les prêches, tels des masses sur l’enclume
Soulevaient les masses
Les libérant par la diatribe
Après les avoir martelées
Et que commençait insidieusement
Dans cette fabrique aux bons apôtres
La chasse aux femmes, la chasse aux scribes
La chasse à l'Autre
Je me souviens
De ceux qui avant d'autres
S'étaient transformés en chiens
Sublimant leur muselière
Anticipant les injonctions
Aboyant par le bas-ventre
Quand ils croyaient être croyants
Rongés par une faim
Cette faim qui ne dit pas toujours son nom
Qui vient se visser dans le cerveau,
Une fois montée de l'entrejambe
Et je me souviens de leurs cibles
De ces filles au goût de sable
De ces filles longues de chaleur
Prêtes à tout changer
Mais elles étaient les mères
Mais elles étaient les filles
Mais elles étaient les sœurs
De possibles futures femmes
Aussi furent-elles les premières
A comprendre à quel point seraient noires
Les années qui s'annonçaient
Les années qui s'annonçaient
Des années d'acide