Les années fusent
Et on se retrouve
Pas si vieux mais vieillis
Pleins d'une tristesse diffuse
A côté de sa vie
Ni ratée ni heureuse
Sous ces regrets qui rongent
Qui bruissent de Blues
Au début il s'abattent
Mordent, frappent puis s'en vont
A la fin ils s'incrustent
Si profondément
Qu’on les croit disparus
Ils sont là,
Métamorphosés en matons
D'une prison pastel
Aux barreaux d'amertume
Alors la vue s'amenuise
Et le vide s'insinue
On cantine des bribes
Du dehors, de l'avant
On tente de nos cages
De fourguer nos enclumes
Trop étroits, les barreaux nous crachent au visage
Ils savent le temps perdu
Les années fusent
Et nos beautés se craquèlent
On croyait s'en foutre
Mais se perdre est cruel
Ces photos qu'on trouvait laides
Rayonnent comme des putes
Nous étranglant de leur jeunesse
Les années fusent
Et le temps change de temps
Entre hier et aujourd'hui
Il devait y avoir un monde
Tout se mélange dans une ombre
Tout se ramasse dans ce présent
Moins épais qu'une seconde
Si furtif qu'il est passé
Et le Passé s'accumule,
Nous coinçant entre vécu
Et futur minuscule