LA BLANCHE


La Blanche s’éloigne

Dans ses collines de soleil

Au fur et à mesure

Que s’étend mon exil

Elle survit tout au fond

Arc-boutée à un fil


Et Alger se transforme

Comme une maison

Dont je n’aurais vu que les murs

Et quelques fondations

Ses enfants sont ses briques

Leur nervosité, son mortier

Et la foule la cimente…

Bigarrée dans ses reliques..


Ma Ville, tu m’as construit

En quelque chose de pas fini…

Tes fondations se déploient

De mes os à ma voix

Comme toi, je suis sismique

Comme toi, inabouti

Mais suant d’ironie

Dans notre fierté électrique


Et je suis fort de cette folie

Que tu sais marquer au front

De tes bambins qui piquent

Comme des chardons

Dès leur première gorgée d’air

De chaleur et de poussière..

Sous les cils négligés

De Notre-Dame d’Afrique


Enfants que tu craches

Avec nos drôles de racines

Et notre unique attache

Vers des pays de bruine

Et on cherche alors

Toute notre vie durant

Cette Algérie de rêve

Sur des pistes olfactives


Quand la vraie se cache

Derrière chaque étincelle

De nos éclats de voix

Et l’usure orpheline

De nos maigres semelles